Un nouvel acronyme arrive dans le langage des promoteurs et des conseillers en gestion de patrimoine : LLI, pour logement locatif intermédiaire. Derrière ces trois lettres, un dispositif fiscal que le gouvernement et la filière immobilière présentent désormais comme l’héritier du Pinel, disparu fin 2024.

Encore méconnu du grand public, le LLI combine un objectif politique (loger les classes moyennes dans les zones tendues) et une promesse adressée aux investisseurs : retrouver une rentabilité proche de celle du Pinel, avec un cadre juridique plus contraignant.
Le logement locatif intermédiaire n’est pas totalement nouveau. Créé en 2014, il était jusqu’ici réservé aux investisseurs institutionnels (assureurs, bailleurs, foncières) pour produire des logements à loyers modérés dans les grandes agglomérations. Pour un particulier qui souhaite investir dans le LLI, la bascule intervient avec la loi de finances pour 2024 : le dispositif est désormais accessible, à condition de passer par une société (SCI ou structure assimilée).
L’idée de fond reste la même :
En clair, le LLI vise cette partie de la population trop aisée pour entrer en HLM, mais qui ne parvient plus à se loger décemment au prix du marché dans les métropoles.
Ce qui distingue surtout le LLI des précédents mécanismes d’incitation (Pinel, Scellier, etc.), c’est la nature des avantages fiscaux.
Là où le Pinel jouait sur une réduction d’impôt sur le revenu, le LLI agit au moment de l’achat et sur la taxe foncière :
L’effet cumulé de ces deux leviers réduit le coût d’achat d’environ 15 à 18 % par rapport à un bien similaire acheté hors dispositif, pour une rentabilité annuelle qui se situe autour de 2,8 à 3 %, soit des niveaux proches du Pinel à ses débuts.
L’avantage pour l’investisseur est double :
En contrepartie, le LLI n’est pas un dispositif « grand public » à la légère.
Première contrainte, la structure juridique :
Cette SCI impose un fonctionnement collectif (au moins deux associés), des obligations de gouvernance (assemblée générale annuelle, règles en cas de décès, divorce, mésentente) et, dans la pratique, le recours à un expert-comptable pour suivre la comptabilité. Les spécialistes interrogés dans la presse économique rappellent que cette sophistication n’est pas anodine pour des primo-investisseurs.
Deuxième contrainte, la durée d’engagement :
S’y ajoutent les plafonds de loyers et de ressources, alignés sur les barèmes Pinel 2025, qui limitent la capacité à augmenter les loyers au fil du temps, même dans des marchés très dynamiques.
Autrement dit, le LLI est pensé pour des investisseurs qui acceptent un horizon patrimonial long, une rentabilité encadrée, et une mécanique juridique plus exigeante que l’achat locatif classique.
À la lecture des textes officiels, des documents des promoteurs et des premières analyses de la presse économique, un profil type se dessine. Le dispositif LLI semble surtout adapté :
Les experts interrogés restent prudents : comme souvent en matière de défiscalisation, toutes les opérations estampillées LLI ne se valent pas. La qualité de l’emplacement, le sérieux du montage juridique, le niveau réel de loyer par rapport au marché local et le prix d’achat restent déterminants.
Sur le papier, le LLI coche plusieurs cases : soutien à la construction neuve, loyers modérés pour les classes moyennes, visibilité fiscale pour les investisseurs. Dans un contexte de crise aiguë du logement, où la production de logements neufs s’est brutalement contractée, le gouvernement cherche manifestement à faire du logement locatif intermédiaire un outil central de sa politique.
Reste une question, qui dépasse largement les simples enjeux marketing des promoteurs :
Le dispositif sera-t-il suffisamment lisible et accessible pour recréer un flux significatif d’investisseurs privés dans le neuf ? Ou bien sa complexité juridique (SCI obligatoire, durée d’engagement, plafonds multiples) le cantonnera-t-elle à un public averti, déjà bien entouré ?
Pour l’heure, le LLI s’installe dans le paysage comme une alternative sérieuse, mais exigeante. Un outil qu’il faudra manier avec discernement, en gardant à l’esprit qu’aucun avantage fiscal ne compense un mauvais emplacement ou un montage incompris.