Comment Créer une Start-Up, Stéphanie Nous Dit Tout

Après un début de carrière dans la banque et un premier projet entrepreneurial, Stéphanie décide de créer sa start-up, suite à la naissance de son deuxième enfant. Pour cela, elle s’associe avec Lorin, sa co-founder, pour développer une plateforme d’activités pour enfants sur Barcelone. Une start-up innovante et pleine d’ambitions qui a pour mission de faciliter la vie des parents. Stéphanie nous raconte les différentes étapes de son projet et comment lui est venue cette idée de start-up.

Bienvenue Stéphanie parmi nous, en quelques mots, pourrais-tu te présenter s’il te plaît ? 

Je m'appelle Stéphanie, j'ai 37 ans, je suis Montréalaise d'origine Franco-Irlandaise.

À 22 ans, j’ai quitté Montréal pour faire des études à Paris ou j’ai rencontré mon mari. J’ai passé les quinze années suivantes entre l’Europe (Paris-Londres-Genève) et l’Asie (Phnom Penh-Singapour). Aujourd’hui, j'habite à Barcelone depuis maintenant deux ans.  

Je suis maman de deux enfants, César, 3 ans, et Phaedra, 1 an et demi et je viens de co-créer toddl.co, la plateforme de réservations d’activités pour enfants.

Créer une start-up, c’est un projet ambitieux ! Que faisais-tu avant cela ? Raconte-nous ton parcours ?

Après quatre ans d'études biomédicales à Montréal, j'ai intégré une école de commerce à Paris. Je pensais alors combiner mon intérêt pour les sciences de la santé avec le business, en travaillant dans le domaine de la pharmaceutique. Mais comme à cette époque, tout le monde travaillait dans la banque ou faisait du conseil, alors en bon petit mouton, je me suis dirigée à contre cœur vers la banque d'investissement. 

J’ai travaillé dans ce secteur pendant trois ans, d’abord à Paris puis à Londres. Mais très vite, j’avais comme la sensation que l’univers de la banque manquait d’aspect “social”, c’est pourquoi, je me suis dirigée dans un fonds d’investissement en microfinance (emprunts accordés aux micro-entrepreneurs dans les pays en voie de développement), basé à Genève et Phnom Penh. À cette époque, j'étais heureuse dans mon travail, mais le niveau d’impact que je recherchais n’était pas au rendez-vous. Après un déménagement à Singapour pour rejoindre mon chéri, j’ai décidé de prendre ma vie en main. J’ai donc quitté mon job pour lancer ma première start-up.  

Pourquoi avoir choisi de te lancer dans l'entrepreneuriat ?

J’ai toujours aimé “entreprendre”, mais je suis issue d’une génération où il y avait certaines cases à cocher avant de pouvoir “se lancer”. Jusqu’au jour où j'ai finalement osé car, une fois arrivée à Singapour, toutes les conditions étaient réunies pour que je puisse monter ma boite. Mon idée était celle de lancer une barre protéinée à base de farine de criquet sur le marché. L’ambition première était d’encourager la consommation de protéines d’origine végétale.   

Concrètement, as-tu suivi une formation pour monter ta boite ? 

Oui, je m’étais inscrite à une formation LEAN Start-up, puis j’ai participé à un bootcamp d’entrepreneurship. Suite à cela, j’ai lancé mon projet. Malheureusement, cela n’a pas marché comme je le souhaitais et je me suis plantée pour de multiples raisons : les marges étaient faibles, le marché trop petit. Bref, l'opportunité n’y était pas ; et bien sûr, comme toutes débutantes, j’ai fait une série d’erreurs classiques…

Comment as-tu réagi suite à ce lancement de projet ? 

Dans un premier temps, j’ai vécu cela comme un échec et par conséquent, j’ai pris peur. Je ne pensais plus qu’à une chose : le trou dans mon CV. Mais aussi, d’autres facteurs tels que la perte de mon identité professionnelle, la skill reconversion et cette question qui ne cessait de tambouriner dans la tête : comment vais-je faire ? 

Alors que je me posais mille questions, mon copain avait une opportunité pour revenir sur Genève. J’ai décidé par conséquent de reprendre mes études pour entamer une reconversion professionnelle dans le secteur de la santé publique. Un thème qui me passionnait (et qui me passionne toujours !) et puis, j’avais la chance de me trouver à Genève, l’une des capitales mondiales dans ce secteur. 

Une fois arrivée à Genève, qu’as-tu fait après ces études ? 

Très vite, je me suis planquée dans un “bon job”, celui qui fait joli sur le CV. J’avais trouvé un poste au siège de l’OMS, psychologiquement, je me sentais rassurée, car mon CV était sauvé… Mais, la réalité était toute autre. Je me voilais la face et vivais l’angoisse au quotidien : 

  • la bureaucratie
  • la rigidité
  • la lenteur
  • le sentiment d'être dans une prison dorée

Pour être sincère, je ne me sentais pas à ma place. Trois années se sont écoulées, durant lesquelles je n'étais pas du tout épanouie. Je me mentais à moi-même en me disant que je devais apprendre à cultiver la patience, à être résiliente. Puis l'arrivée de mon premier enfant est venue tout chambouler. 

Que s’est-il passé ensuite ?

Avec un congé maternité de dix semaines, je devais reprendre le travail, mais là j’avais comme une boule au ventre. Je ressentais comme un sentiment d’angoisse. La vérité, c’est que je n’étais absolument pas prête à faire face aux sacrifices que cela allait me demander. Il me fallait donc prendre une décision et quelques jours plus tard, j’ai posé ma démission. 

Suite à cette nouvelle, tout s’est enchaîné : nous avons choisi de nous installer à Barcelone pour la startup de mon mari. Un nouveau déménagement (le septième en dix ans), puis s’en est suivi l'arrivée de notre deuxième enfant… tous ces chamboulements personnels m’ont alors plongée dans une année de remise en question. Ce fut une année longue et difficile, mais aussi extrêmement productive. 

Est-ce durant ce congé maternité que t’est venue une nouvelle idée de startup ?

C’est exact ! Disons que comme beaucoup de jeunes mamans, ma relation au temps et aux priorités avait désormais changé. 

  1. Je n’avais plus le luxe du temps et de l'expérimentation ;
  2.  Je ne pouvais plus me permettre de rechercher le job idéal, ni de cocher les fameuses cases qui allait avec ;
  3. J’avais besoin de passer à l'action, c’est comme ça que j’ai décidé de créer mon propre travail. 

Après une formation en programmation informatique / coding, je lançai enfin ma start-up : une plateforme de réservation pour les activités d’enfants à Barcelone.

Parle-nous un peu plus de la création de cette start-up ?

toddl.co c'est le Treatwell de l'éducation pour enfants: une marketplace qui permet aux parents de réserver des activités (extrascolaires, ateliers, camps de jour et lieux de fête) pour leurs enfants mais aussi un logiciel qui aide les PMEs dans le secteur de l'éducation à digitaliser la gestion de leur business.

L'idée de la marketplace m’est venue il y a environ deux ans, alors que je cherchais un cours de natation pour mon fils. J'étais interloquée de voir à quel point tout était désorganisé et compliqué. Mais surtout, j’étais surprise qu’il n’existait pas de solution technologique simple et rapide pour aider les parents dans leurs démarches

De nos jours, on peut tout faire depuis son portable, mais réserver des activités pour ses enfants, semblait si compliqué (du moins en Espagne !).  

Mon premier challenge a été de créer cet outil moi-même. Après 6 mois de R&D et la rencontre fortuite de ma co-founder, Lorin May, nous avons lancé officiellement la plateforme en octobre 2020. Pas vraiment la période idéale, puisque nous étions en pleine deuxième vague covid, juste à la veille de l'annonce du deuxième confinement ! 

Mais, un an plus tard, le projet tient toujours debout : nous avons une webapp avec plus de 1000 options d'activités pour enfants avec 1500 prestataires d'activités. Nous sommes fières de dire que nous sommes officiellement la plus grande plateforme de réservation d'activités pour enfants à Barcelone et la première à Valence, où nous venons tout juste de nous lancer ! Nous sommes également en train de préparer le lancement imminent de notre logiciel pour les prestataires d’activités - un outil qui leur permettra de digitaliser la gestion de leur business (booking, paiements, clients, finances, reporting, etc.).

Super et bravo ! Dis-nous, quelles ont été tes principales difficultés au commencement pour lancer une start-up ? 

Comme tout nouveau projet, c’est excitant de se lancer, mais le principal risque selon moi est celui de ne pas décrocher. Il est très difficile parfois de prendre un peu de recul. Cependant, il est nécessaire de le faire, car nous ne sommes pas des robots, et tôt ou tard, les excès finissent par nous rattraper... Peut-être à un moment où justement, il aurait fallu avoir des ressources en réserve. 

Personnellement, il m’est arrivé de faire des nuits blanches où je bouillonnais d'idées et d'excitation, suivies de lendemains difficiles, et peu productifs. 

Il est important de rappeler que ton projet entrepreneurial peut durer des années, alors il est nécessaire de trouver un rythme qui te permettra d'être productive tout en gardant un certain équilibre. Le combo parfait, selon moi, si tu souhaites assurer la pérennité de ton projet. 

D’autre part, il est important de célébrer ses micro-succès (“celebrate small successes”), et de ne pas être constamment en attente du résultat final, qui peut mettre plus de temps que prévu à se réaliser. Surtout, au début, car il y a beaucoup de travail et les résultats ne sont pas toujours visibles, tangibles. 

Où trouves-tu l'inspiration au quotidien pour avoir le bon mindset ?

Il y a quelques années, j’ai lu le livre Mindset de Carol Dweck (psychologiste de Stanford University). Il traite du concept du “growth mindset, soit “l’état d’esprit de développement”. C’est un sujet qui m’a beaucoup marquée et je le recommande fortement à toutes celles qui souhaitent devenir entrepreneures.

Il explique comment, grâce à l’état d’esprit de développement, nos qualités (personnalité, aptitudes, compétences) sont avant tout développées en travaillant. Peu importe notre point de départ, nous avons la capacité à nous améliorer à force de travail et d’application. En résumé, c’est l’effort et le travail qui conduisent à la réussite et non le patrimoine génétique : l’objectif principal étant de se former pour acquérir de nouvelles compétences et progresser.

Selon toi, quelles sont les qualités indispensables pour réussir en tant qu’entrepreneure ?

Pour ma part, je crois que pour se réaliser dans l'entrepreneuriat, il faut avoir cet état d’esprit de développement justement, Croire en son projet et vouloir réussir est important, mais plus important encore, il faut savoir échouer. L'échec représente une opportunité d’apprentissage et de croissance nécessaire pour avancer et vivre de ses passions.

Il faut, en outre, aimer prendre des risques et apprendre de nouvelles choses au risque de révéler ses faiblesses. De façon générale, il faut être motivée par les obstacles, les critiques et les difficultés, car c’est de cela qu’est pavé le chemin de la réussite. Enfin, je crois qu’entreprendre est un immense projet d'humilité. 

Pour finir, quels conseils donnerais-tu à une jeune entrepreneure? Quelles sont les différentes étapes dans la création d’une start-up à ne pas négliger ? 

Beaucoup de gens ont peur qu'on leur vole leur idée ou n’osent pas dévoiler un produit imparfait. Résultat, ils travaillent en cachette sans se confronter au marché. Malheureusement, une idée n’a aucune valeur si elle n’a pas été testée avant. 

Le premier conseil que je donnerais a une femme qui aimerait se lancer serait  : “get out of the building and test your market”. La traduction exacte serait de sortir de sa tête ou de quitter son ordinateur pour aller parler de son idée. Créer une start-up, c’est savoir pitcher son projet, en discuter avec des gens autour de soi, mais surtout à sa cible afin de : 

  • recueillir des feedbacks
  • essayer de bien comprendre et mesurer la problématique qu’elle cherche à résoudre
  • évaluer si la solution est monétisable
  • étudier les alternatives qui existent déjà (sur le marché local ou à l'international).

La plus grosse erreur que l’on fait en tant qu’entrepreneur, c’est de croire que tout le monde pense et fonctionne comme nous. Que notre idée est extraordinaire et unique, alors qu’en réalité, tout le monde pense et se comporte de façon très différente. Il arrive même que les idées ont, pour la plupart, déjà été explorées. 

En résumé, c'est très important de tester toutes nos hypothèses dès le début, avant de créer une star-up et idéalement itérer jusqu'à ce qu’on trouve le bon fit. Travailler sur un produit que les gens ne veulent pas, ou pas suffisamment, ne mènera à rien. C’est pourquoi tester son marché est vraiment une étape indispensable à tout lancement de projet ou création de startup

Stéphanie Meagher
Co-founder toddl.co 

Si toi aussi, tu as un projet entrepreneurial ou souhaite te lancer dans une reconversion professionnelle, rejoins dès maintenant notre communauté pour échanger avec d'autres femmes, comme toi. Une communauté bienveillante pour ne plus te sentir seule face à tes doutes :)

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